Pendant des années, la retraite à 55 ans était présentée comme un rêve accessible pour tous. La célèbre publicité Liberté 55 de la London Life, diffusée dans les années 1980, a marqué l’imaginaire collectif au Québec. À l’époque, le concept était audacieux : grâce à l’achat de l’assurance vie Liberté 55, on pouvait quitter le monde du travail avant même d’avoir les cheveux gris.

Aujourd’hui, ce rêve prend une autre forme. On entend parler d’indépendance financière, de retraite anticipée et du mouvement FIRE (Financial Indepence, Retire Early).

Si la philosophie FIRE peut être inspirante, elle peut aussi être intimidante. Accumuler suffisamment d’argent pour quitter le marché du travail à 40 ans? Vivre avec seulement 25 % de ses revenus pendant 20 ans? Pour bien des gens, ce n’est tout simplement pas réaliste.

C’est alors qu’entre en scène le Slow FI. Moins radical, et plus réaliste, il propose une approche alternative pour atteindre la liberté financière.

1. Qu’est-ce que le Slow FI?

Le Slow FI se situe à mi-chemin entre le mouvement FIRE et la philosophie YOLO (You Only Live Once). Il prône une approche progressive vers l’indépendance financière.

Au lieu de tout sacrifier pour prendre sa retraite à 40 ans, le slow FI invite les gens à ralentir volontairement. Il favorise les choix éclairés qui permettent de gagner en liberté, tout en profitant du moment présent.

Le terme « Slow Financial Independence » a été popularisé par des blogueurs américains, dont le couple The Fioneers. Tous souhaitaient ralentir le rythme sans sacrifier leur bien-être. Inspiré du slow living, le Slow FI encourage à bâtir sa liberté financière à son rythme, en savourant le processus autant que la destination.

Le Slow FI n’est pas une question d’âge ou de revenu, mais plutôt une question d’intention. Il consiste à choisir ce qui compte pour nous (plus de temps, d’autonomie, de satisfaction) et s’organiser financièrement pour y arriver.

Comme l’expliquent The Fioneers :

« Les personnes qui poursuivent le Slow FI peuvent prendre une retraite anticipée ou à l’âge traditionnel de la retraite. L’objectif ultime est d’atteindre une indépendance financière complète, mais l’accent est mis sur le fait de rendre le parcours aussi remarquable que la destination.» 

Le Slow FI, c’est refuser de souffrir maintenant pour être libre plus tard. C’est avancer, un pas à la fois, vers plus de liberté tout en savourant l’aventure.

2. Qu’est-ce qui distingue le Slow FI de la retraite traditionnelle?

Pendant longtemps, la retraite suivait un modèle bien établi. On travaillait à temps plein pendant 35 ou 40 ans, pour enfin prendre sa retraite à 65 ans. On cotisait à un fonds de pension en espérant « vivre notre vie de rêve » après notre carrière.

Le Slow FI bouscule cette logique. Il propose une trajectoire plus souple, plus personnelle et, surtout, intentionnelle.

Plutôt que voir la retraite comme une ligne d’arrivée, il suggère une retraite progressive étalée sur plusieurs années. Pas besoin d’attendre 65 ans pour se sentir libre et dire « Bye, bye boss! ». Mais surtout, pas besoin de se priver pendant des décennies en espérant en profiter un jour.

C’est une philosophie qui redonne de la flexibilité à notre vie professionnelle, tout en gardant en tête l’importance d’une base financière solide.

3. Comment atteindre l’indépendance financière grâce au Slow FI?

Il n’y a pas de recette unique pour atteindre la liberté financière avec le Slow FI. Mais voici quelques principes qui vous aideront à définir ce que le Slow FI représente à vos yeux.

Clarifier votre définition de la liberté financière

Le Slow FI vous permet de choisir un style de vie adapté à vos besoins. Pour certains, c’est quitter un emploi toxique ou qui ne les inspire pas pour choisir un travail moins rémunérateur, mais plus satisfaisant. Pour d’autres, c’est de travailler à temps partiel, prendre un congé sabbatique ou lancer un projet personnel.

L’indépendance financière prend plusieurs formes. C’est à vous de définir ce qu’elle représente pour vous.

Épargner sans vous priver

L’épargne reste un pilier essentiel de cette approche. Mais il n’est pas nécessaire d’économiser 50 % ou 70 % de votre revenu pour atteindre votre objectif.

Commencez avec ce que votre budget vous permet, automatisez ce montant et ajustez-le au fil du temps. Dans l’optique du Slow FI, la constance de l’épargne compte plus que la vitesse.

S’éduquer pour mieux investir

L’acquisition de nouvelles connaissances en matière de finance personnelle fait aussi partie du parcours Slow FI. Plus vous comprendrez les bases de l’investissement et de la planification, plus vous prendrez des décisions éclairées. Vous serez mieux outillé pour reconnaître les opportunités et réorienter vos habitudes de consommation.

Il ne s’agit pas de devenir expert en investissement autonome, mais d’être suffisamment informé pour faire des choix alignés avec vos objectifs.

Prioriser les expériences plutôt que l’accumulation de biens.

L’un des fondements du Slow FI est de favoriser la qualité de vie, maintenant. Vos dépenses devraient donc refléter vos valeurs. Que ce soit pour voyager davantage ou développer de nouvelles compétences, votre consommation doit être intentionnelle.

En valorisant autant le présent que le futur, le Slow FI réduit la charge mentale reliée à la retraite. Il permet d’avancer financièrement tout en vivant mieux maintenant.

La clé du succès est de rester flexible et de célébrer chaque réussite, aussi petite soit-elle. Car c’est cette liberté progressive qui donne du sens à votre parcours financier.

4. Les limites du Slow FI

Le Slow FI propose une approche plus « naturelle » vers l’indépendance financière. Toutefois, il n’est pas exempt de défis.

L’un des pièges courants est de confondre lenteur et absence de direction. Avancer à son rythme ne veut pas dire avancer au hasard. Le danger, c’est de prendre son temps sans avoir de plan. Retarder des décisions importantes sous prétexte qu’on a encore du temps devant soi.

Or, l’un des principes du Slow FI est justement de faire des choix conscients et intentionnels. Il faut donc un minimum de structure et de planification pour avancer en toute connaissance de cause.

Il faut aussi accepter le fait que ralentir financièrement peut freiner la croissance de son capital. En choisissant de travailler moins, de privilégier certains projets de vie, on accepte que la route soit plus longue. Il faut donc être prêt à revoir ses priorités au fil du temps.

En conclusion

Atteindre l’indépendance financière ne signifie pas nécessairement vivre des sacrifices extrêmes pour savourer une retraite anticipée. Le Slow FI offre une option plus réaliste. Il permet d’avancer vers la liberté financière en respectant ses valeurs et ses besoins.

Nul besoin d’un plan parfait. Mais il faut avoir une direction claire. Et comme le rappel The Fioneers :

« Le Slow FI ne souscrit pas à l’idée d’un parcours en deux phases, où l’on travaille dur maintenant pour ensuite profiter d’une retraite anticipée et d’un bonheur éternel. Dans cette approche, l’indépendance financière est un chemin en plusieurs étapes, où l’on effectue de petits ajustements en cours de route pour vivre une vie meilleure. »

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