On parle souvent du plan de décaissement à la retraite comme d’un outil puissant. Nous l’avons d’ailleurs démontré dans notre article de la semaine dernière. Mais à quoi ça ressemble concrètement? Pour illustrer son impact réel, plongeons dans l’histoire fictive — mais très réaliste — de Jannette et Jacques. Ce couple de nouveaux retraités découvre, chiffres à l’appui, comment certaines décisions peuvent transformer leur retraite… ou compromettre leur tranquillité d’esprit.
Étude de cas : comment un couple de nouveaux retraités a maximisé ses revenus de retraite grâce à un plan de décaissement personnalisé.
Janette et Jacques, couple fictif de 65 ans, ont pris leur retraite ensemble en décembre 2024. Leur situation reflète celle de bien des couples de leur âge. Après avoir lu l’article sur l’importance d’élaborer un plan de décaissement, le couple décide de consulter un planificateur financier. Ensemble, ils pourront bâtir un plan sur mesure. Ils savent bien qu’ils auraient dû s’y prendre AVANT la retraite… mais mieux vaut tard que jamais!
1. Profil de notre couple de jeunes retraités
Le portrait financier de Janette et Jacques est le suivant :
Sources de revenus :
Actifs :
2. Hypothèses de projections financières
Voici les hypothèses financières établies pour comparer les différents scénarios de décaissement :
- Taux d’inflation annuel : 2,10 %
- Espérance de vie planifiée : 98 ans (probabilité de survie de 25 %)
- Profil d’investisseur : Équilibré (60 % en actions, 40 % en obligations)
- Espérance de rendement des investissements : 3,30 % après déduction des frais de gestion
3. Comparaison de 5 stratégies de décaissement
On a comparé, pour chaque scénario, la valeur nette d’impôt des épargnes qu’il resterait au couple à la fin de leur 97e année. Comme la maison est commune à tous les scénarios, on l’exclut de l’analyse. Cela permettra de mieux comparer les résultats. Les montants sont aussi en dollars d’aujourd’hui. On peut donc les comparer à la situation financière actuelle du couple.
1. Privilégier les REER\FERR — Solde net : 8 500 $
Cette stratégie consiste à décaisser les retraits imposables en premier, comme les REER.
2. Prioriser le CELI — Solde net : 21 500 $
Ce scénario favorise le décaissement des retraits non imposables en premier.
3. Favoriser les retraits optimaux — Solde net : 28 250 $
Les retraits optimaux consistent à puiser dans vos différents comptes (REER, CELI, etc.) de façon équilibrée. L’objectif est de réduire l’impôt à payer et faire durer vos épargnes plus longtemps.
4. Fractionner les revenus entre conjoints — Solde net : 42 000 $
Avec cette stratégie, on vise à réduire l’impôt familial à payer.
5. Retarder la PSV et la RRQ — Solde net : 279 000 $ ✅
En reportant le versement de la PSV et du RRQ, on maximise les revenus viagers.
4. Ce que révèlent les chiffres de notre analyse
1. L’ordre de décaissement (REER/FERR vs CELI) est peu significatif dans le cas présent.
- Dès 72 ans, les revenus de retraite viagers et les retraits minimums des FERR suffisent à couvrir les besoins financiers du couple jusqu’à 85 ans.
- Le taux d’imposition de Janette et Jacques est relativement constant chaque année. Dans leur cas, le moment précis des retraits REER/FERR n’a donc pas d’impact fiscal majeur.
- L’ordre de décaissement est plus stratégique dans deux situations. Premièrement, lorsqu’on n’a pas de fonds de pension. Deuxièmement, lorsqu’on détient des épargnes dans des comptes non enregistrés.
2. Le fractionnement des revenus de retraite entre conjoints est simple et avantageux
- Le fractionnement répartit la charge fiscale entre les conjoints. Cela permet au couple de payer moins d’impôt au total.
- Une fois activée, l’option de fractionnement des revenus est automatiquement appliquée par la plupart des logiciels d’impôts.
- Pour la rente du RRQ, le fractionnement doit être choisi dès la demande initiale.
3. Attention au risque d’épuisement des épargnes
- Les quatre premiers scénarios laissent peu d’épargnes à la fin de l’année des 97 ans des conjoints.
- L’un des conjoints pourrait vivre au-delà de 98 ans. Les hypothèses de départ pourraient aussi ne pas se concrétiser. Dans ces situations, ils pourraient être forcés de vendre leur maison. Ce risque est toutefois réglé dans le scénario 5!
4. Le report des régimes gouvernementaux (PSV et RRQ) est la stratégie gagnante!
- Janette et Jacques sont en bonne santé. Ils ont aussi des épargnes en REER et en CELI suffisantes pour couvrir leurs besoins financiers pendant le report.
- Cette stratégie augmente considérablement leurs revenus viagers garantis et indexés à l’inflation. Leurs besoins financiers sont ainsi complètement couverts par les pensions entre 72 ans et 85 ans. Par la suite, seuls de petits retraits sont requis des CELI bien garnis.
- Le risque de longévité est presque entièrement éliminé. Ils pourront sans crainte demeurer dans leur maison tant que ce sera physiquement possible.
5. Que retenir de cet exemple de plan de décaissement?
Voici quelques conclusions que l’on peut tirer de notre étude de cas :
🎯 Agir tôt!
Rencontrer un professionnel financier permet d’identifier les stratégies gagnantes. Elles feront toute la différence dans votre situation personnelle. Dans le cas de notre couple, le professionnel a identifié l’avantage significatif de reporter la PSV et le RRQ.
🎯 Prévoir l’ordre de décaissement des épargnes.
L’ordre de décaissement devient beaucoup plus stratégique dans certaines situations. C’est le cas s’il n’y a pas de fonds de pension. C’est aussi le cas si des épargnes non enregistrées sont en jeu.
🎯 Fractionner les revenus de retraite.
Il s’agit d’un outil fiscal simple à utiliser qui peut avoir un impact significatif à long terme pour le couple.
🎯 Reporter les rentes des régimes gouvernementaux.
Il est important de considérer sérieusement le report des rentes si la santé et les épargnes le permettent.
🎯 Revoir régulièrement le plan de décaissement.
Votre situation peut évoluer tout au long de la retraite. Cela peut modifier certaines stratégies appliquées ou créer de nouvelles opportunités.
Conclusion
Le plan de décaissement, ce n’est pas un luxe… c’est une stratégie essentielle! L’exemple de notre couple le démontre bien! Avec des décisions réfléchies, on peut passer d’une retraite incertaine à une retraite sereine. Toutefois, chaque situation est différente. Ce qui fonctionne pour l’un ne convient pas forcément à l’autre. C’est pourquoi il est primordial d’avoir un plan sur mesure, adapté à votre réalité!