Devenir travailleur autonome est le rêve de plusieurs. Ce désir est souvent issu d’un besoin d’indépendance et de liberté alimenté par la passion. Vous êtes libre de choisir vos projets, vos clients, votre horaire.
Mais avec cette autonomie vient aussi une réalité plus complexe : celle de devoir assumer seul les responsabilités financières que les employés partagent habituellement avec leur employeur.
Entre les revenus irréguliers, l’absence d’avantages sociaux et les obligations fiscales accrues, il est normal de se sentir dépassé. Pourtant, avec un minimum d’organisation et des outils adaptés, il est tout à fait possible d’assurer sa sécurité financière.
1. Adaptez votre budget aux fluctuations de revenus
L’irrégularité des revenus est probablement le plus grand défi auquel font face les travailleurs autonomes. Certains mois, les contrats s’accumulent. D’autres, l’activité ralentie considérablement. Si la période des Fêtes est très lucrative pour certains, d’autres vivront une période de vache maigre.
Voici 3 stratégies pour éviter que l’instabilité ne devienne une source constante de stress.
1.1 Basez votre budget sur votre revenu minimum
Plutôt que de planifier vos dépenses sur les mois les plus lucratifs, basez-vous sur le revenu mensuel minimal que vous croyez atteindre. Vous pourrez ainsi couvrir vos dépenses essentielles, même lors des périodes creuses.
1.2 Épargnez 20 à 30 % de vos revenus
Dès qu’un revenu entre, prenez l’habitude de mettre de côté entre 20 % et 30 % pour couvrir vos impôts et cotisations. Cette stratégie vous sauvera bien des maux de tête lors de la production de vos déclarations de revenus.
Idéalement, vous devriez conserver cet argent dans un compte séparé. Profitez-en pour faire travailler cet argent pour vous en choisissant un véhicule de placement approprié à votre situation.
1.3 Bâtissez un fonds d’urgence
En tant que travailleur autonome, vous êtes seul pour faire face aux imprévus. D’où l’importance de vous bâtir un fonds d’urgence. Habituellement, on recommande que celui-ci couvre environ 3 mois de dépenses courantes. Pour les travailleurs autonomes, il est plutôt recommandé d’épargner jusqu’à 6 mois de dépenses.
Ce coussin vous permettra de faire face à une baisse soudaine de revenus, un bris d’équipement ou un problème de santé.
2. Planifiez votre fiscalité
Après la fluctuation des revenus, la fiscalité est probablement l’aspect financier qui préoccupe le plus les travailleurs autonomes. Contrairement à un salarié où l’impôt est prélevé à la source, c’est la responsabilité entière de celui qui travaille à son compte. Et c’est ici que l’épargne de 20 à 30 % de vos revenus vous sauvera la vie!
Voici quelques-unes des responsabilités fiscales que vous devez assumer :
2.1 Les acomptes provisionnels
Au Québec, sauf exception, un travailleur autonome doit verser des acomptes provisionnels dès que son impôt net à payer dépasse 1 800 $ pour l’année courante et pour l’une des deux années précédentes.
Ces paiements permettent de répartir votre charge fiscale tout au long de l’année. Vous évitez aussi de payer des intérêts ou des pénalités pour un retard de paiement.
2.2 La TPS et TVQ
Si votre chiffre d’affaires dépasse 30 000 $ par année, vous devez vous inscrire aux fichiers de la TPS et de la TVQ. Une fois inscrit, vous devrez : facturer la taxe à vos clients, remettre les montants perçus aux autorités fiscales, et les tenir à part dans un compte réservé, car cet argent ne vous appartient pas.
N’oubliez pas que vous pourriez récupérer une portion des taxes payées sur vos dépenses professionnelles grâce aux crédits de taxe sur les intrants (CTI).
2.3 Les déductions
L’un des avantages d’être travailleur autonome est de pouvoir déduire plusieurs dépenses professionnelles. Cela permet de réduire votre revenu imposable, à condition que ces dépenses soient documentées et admissibles.
Parmi les dépenses fréquentes, on retrouve :
- les frais de bureau à domicile (selon la superficie utilisée),
- les fournitures, équipements, logiciels,
- les déplacements professionnels (transport, hébergement, repas),
- certaines assurances, télécommunications, ou même des créances irrécouvrables.
Tenir une comptabilité rigoureuse est essentiel pour éviter les erreurs et simplifier votre déclaration de revenus.
Cela inclut :
- conserver toutes vos factures et tous vos relevés,
- consigner vos revenus et dépenses régulièrement,
- séparer vos finances personnelles et professionnelles.
Heureusement, plusieurs outils numériques sont conçus pour vous faciliter la tâche. De plus, il ne faut pas hésiter à consulter un fiscaliste ou un comptable. Ces professionnels peuvent vous aider à optimiser votre situation fiscale, planifier vos versements, ou répondre à des questions spécifiques à votre domaine.
Revenu Québec offre également un programme d’accompagnement gratuit pour les nouveaux travailleurs autonomes. Ce service peut vous aider à comprendre vos obligations fiscales et à mettre en place de bonnes pratiques de gestion.
3. Assurez votre protection personnelle
Travailler à son compte, c’est aussi devoir penser à sa propre sécurité. En l’absence d’avantages sociaux offerts par un employeur, vous devez vous protéger contre les imprévus. Voici quelques aspects à considérer :
3.1 Une assurance invalidité
L’assurance invalidité est probablement la plus importante pour un travailleur autonome. En cas de maladie ou d’accident, elle vous assure un revenu de remplacement pour couvrir vos besoins de base. Sans cette protection, même un arrêt temporaire pourrait mettre en péril votre stabilité financière.
3.2 Une assurance responsabilité civile professionnelle
Selon votre secteur d’activité, une telle assurance peut s’avérer essentielle ou même obligatoire. Elle sert à vous protéger en cas d’erreurs ou de dommages causés à un client. Un simple incident pourrait autrement engendrer des frais juridiques coûteux!
3.3 Un plan pour votre santé
En tant que travailleur autonome, vous n’avez pas accès à une assurance collective. En contrepartie, vous pourriez :
- Adhérer à un régime d’assurance privée.
- Prévoir un budget santé pour les soins courants et les imprévus. Ce coussin pourrait être placé dans un CELI et réservé à vos dépenses médicales et dentaires.
Investir dans votre protection assurera votre sécurité financière à long terme.
4. Planifiez votre retraite
Même si elle peut vous sembler lointaine, la retraite doit faire partie de vos priorités financières dès le début de votre parcours autonome. Sans régime collectif ni cotisations automatiques, vous êtes responsable de construire votre propre fonds de retraite.
Heureusement, les outils d’épargne ne manquent pas : REER, CELI, ou même le régime volontaire d’épargne-retraite (RVER). L’important est de commencer tôt, même avec de petits montants, et d’automatiser vos contributions.
Petite note encourageante : les statistiques démontrent que les travailleurs autonomes possèdent en moyenne une valeur nette supérieure à celle des employés. Ce qui prouve que l’autonomie financière est accessible, à condition d’agir tôt.
5. Restez organisé… et continuez de progresser
Une bonne gestion financière repose sur une discipline quotidienne. Même si c’est rarement la partie préférée des travailleurs autonomes, une organisation simple et constante vous fera gagner un temps précieux et réduira considérablement votre stress.
Adoptez des outils de tenue de livres et de facturation adaptés à votre réalité. Planifiez un moment chaque mois pour faire le point sur vos revenus, vos dépenses et vos obligations fiscales. Et surtout, n’hésitez pas à demander l’aide d’un comptable ou d’un fiscaliste.
💡Dernière astuce : n’oubliez pas d’investir sur vous-même! Prévoyez un budget pour votre formation continue et peaufinez votre réseautage. Le monde des affaires évolue vite. Votre capacité à apprendre et à vous adapter vous distinguera de la concurrence!
En tant que travailleur autonome, vos finances personnelles sont au cœur de votre liberté professionnelle. Et si cette liberté s’accompagne de responsabilités accrues, elle vous donne aussi le pouvoir de créer une vie financière à votre image.
En adaptant votre budget, en gérant votre fiscalité avec méthode, en vous protégeant adéquatement et en planifiant l’avenir dès aujourd’hui, vous bâtissez une sécurité financière solide. Une sécurité qui vous permettra de traverser les hauts et les bas de l’entrepreneuriat avec confiance.