Domptez vos biais cognitifs pour mieux gérer vos finances

On croit souvent être en contrôle de nos décisions financières. Jusqu’à ce qu’un biais cognitif vienne brouiller les cartes. Découvrez ces mécanismes invisibles qui influencent votre quotidien.

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Lyne Desruisseaux

| 7 min de lecture

Vous croyez être logique, rationnel et maître de vos décisions? En réalité, le cerveau humain fonctionne souvent en mode automatique. Il prend des raccourcis. Il simplifie. Il juge à partir d’indices trompeurs. Et tout ça, sans qu’on s’en rende compte.

Ces raccourcis mentaux portent un nom : les biais cognitifs. Ils influencent vos pensées, vos réactions et même vos finances.

Maintenant, voyons comment ces biais fonctionnent et comment on peut les déjouer.

1. Qu’est-ce qu’un biais cognitif?

Nous aimons croire que nos décisions sont logiques, qu’elles reposent sur une analyse rationnelle. Mais notre cerveau, pour aller plus vite, prend des raccourcis.

Ces raccourcis mentaux, ou biais, agissent comme des lunettes déformantes qui modifient notre façon de penser. Ils le font souvent sans que nous en soyons conscients.

Par exemple, vous passez devant un restaurant où une file s’étire jusqu’à l’extérieur. Sans même consulter le menu ni lire les avis, vous vous dites instinctivement que l’endroit doit être excellent!

Vous venez de succomber au biais de popularité en accordant de la valeur à ce que la majorité semble apprécier.

Il existe des centaines de différents biais, qu’ils soient cognitifs, émotionnels ou sociaux. Mais dans le langage courant, on les regroupe souvent tous sous le nom de biais cognitif.

2. Pourquoi les biais existent-ils?

Le cerveau humain traite une quantité impressionnante d’information chaque jour. Pour être efficace, il cherche constamment à gagner du temps et de l’énergie mentale en créant des raccourcis.

Ces raccourcis sont souvent utiles. Ils nous permettent de prendre des décisions rapides dans des situations familières. Mais ils peuvent aussi fausser notre jugement.

Nos décisions, influencées par nos émotions, nos croyances et nos expériences passées, ne sont pas toujours optimales.

Les biais cognitifs ne sont ni bons ni mauvais en soi. Ils sont tout simplement humains. Le problème, c’est qu’en les ignorant, on risque de prendre de mauvaises décisions.

3. Les biais les plus courants dans la vie de tous les jours

Les biais cognitifs ne se manifestent pas uniquement lorsque nous prenons de grandes décisions. Ils sont présents partout, même dans les gestes quotidiens. Apprendre à les reconnaître permet de faire des choix éclairés.

L’un des plus fréquents est probablement le biais de confirmation. Il nous pousse à remarquer et à retenir uniquement l’information qui va dans le sens de nos convictions. Par exemple, vous êtes convaincu que les placements boursiers sont trop risqués. Vous serez alors naturellement plus attentif aux témoignages négatifs qu’aux exemples de réussite. Le biais de confirmation maintient donc vos croyances… qu’elles soient fausses ou non.

Le biais d’ancrage, quant à lui, influence souvent nos décisions financières. Imaginez que vous voyez un article à 500 $, en solde à 300 $. Même si le 300 $ est déjà hors budget, ce nouveau prix vous semble raisonnable. Pourquoi? Parce que votre cerveau a été instinctivement attiré par le premier prix affiché. Il s’est « ancré » à ce chiffre initial, créant l’illusion d’un bon achat.

Nous sommes aussi influencés par l’information récente ou facilement accessible dans notre mémoire. C’est le biais de disponibilité. Il fait en sorte qu’un événement récent ou marquant semble plus fréquent qu’il ne l’est en réalité. Par exemple, après avoir vu deux reportages sur des cambriolages, vous aurez l’impression que votre quartier est devenu moins sécuritaire. Alors que les statistiques annuelles sont demeurées constantes.

S’ajoute à cette liste le biais de conformité. On pense souvent que nos décisions sont personnelles. En fait, elles sont souvent influencées par le groupe. Vous avez probablement déjà acheté un produit simplement parce que « tout le monde » le possédait. C’est un réflexe rassurant, mais le choix n’est pas toujours judicieux.

Finalement, difficile d’échapper au biais d’autorité. Celui-ci démontre qu’on accorde plus d’importance à une opinion provenant d’une personne perçue comme experte, influente ou crédible. Même sans preuve concrète, on aura tendance à suivre un conseil qui vient d’une personne « qui sait de quoi elle parle ». Ou du moins, qui en donne l’impression.

4. Pourquoi reconnaître vos biais est essentiel en finances personnelles

Nos décisions financières ne sont pas à l’abri de l’influence des biais. Si l’on n’y porte pas attention, ils peuvent avoir un impact sur votre portefeuille! En voici quelques exemples :

Le choix de produits financiers

Vous choisissez un placement parce qu’il a été recommandé par une personnalité connue? Ou parce qu’il semble « populaire » en ce moment? Vous pourriez être influencé par le biais d’autorité ou de popularité. Résultat : votre choix n’est peut-être pas aligné avec vos besoins réels, vos objectifs ou votre tolérance au risque.

La surconsommation

Combien de fois avez-vous acheté un article parce qu’un ami vous en avait parlé? Ou parce que vous voyez des promotions « partout »? Les biais cognitifs et émotionnels influencent souvent nos décisions d’achat impulsif. Même s’ils ne cadrent pas avec nos objectifs financiers.

L’immobilisme

Le biais de statu quo ou la peur de se tromper nous pousse parfois à ne rien faire du tout. On remet l’ouverture d’un compte CELI. On reporte la discussion avec un conseiller financier. Ou la participation à une formation pour être plus autonome financièrement. Et ce, même en sachant que nous aurions avantage à le faire.

Comme on peut le voir, les biais influencent nos transactions financières quotidiennes. C’est dire à quel point ils peuvent affecter notre jugement lorsque vient le moment d’investir notre argent!

5. Comment éviter que les biais dictent vos décisions financières

On ne peut pas éliminer complètement tous les biais. Ils font partie du fonctionnement normal de notre cerveau. Mais on peut apprendre à les reconnaître et reprendre le contrôle de nos décisions. Voici comment.

Prenez un pas de recul

Avant de passer à l’action, demandez-vous : « Pourquoi est-ce que je veux faire ça maintenant? » Est-ce qu’une émotion vous pousse à agir? Est-ce une peur, une envie soudaine ou un besoin d’appartenance? Ce délai suffit parfois à éviter une mauvaise décision.

Développez votre pensée critique

Un bon réflexe pour déjouer les biais consiste à chercher une opinion différente de la vôtre. Comme lire un article qui va à l’encontre de votre opinion. Parlez avec quelqu’un qui pense différemment. Vous développerez votre pensée critique en acceptant d’être déstabilisé et en faisant preuve d’ouverture d’esprit.

Donnez-vous un cadre de prise de décision

Quand vous devez prendre une décision importante (changer de banque ou investir dans un nouveau produit financier), structurez votre réflexion. Posez-vous quelques questions :

  • Quel est mon objectif?
  • Quelles sont mes options?
  • Quelles informations m’aideraient à prendre une décision éclairée?

Vous éviterez ainsi de tomber dans le piège du réflexe ou de la facilité.

Identifiez vos propres réflexes

Certains biais reviennent plus souvent que d’autres. Peut-être avez-vous tendance à vous fier à votre première impression (biais d’ancrage)? Ou encore à suivre la majorité (effet de troupeau)?

Plus vous serez conscients de vos biais et plus vous serez rapides à les identifier, plus facilement vous arriverez à les désamorcer.

En conclusion

Nos biais ne sont ni bons ni mauvais. Ils nous aident à fonctionner dans un monde complexe, à prendre rapidement certaines décisions. Mais ils peuvent aussi nous freiner sans qu’on s’en rende compte. En les identifiant, on se donne une chance de faire des choix qui respectent nos valeurs et nos objectifs.

La semaine prochaine, nous pousserons encore plus loin la réflexion sur les biais. Nous examinerons ceux qui influencent nos décisions en investissement. Et comment éviter qu’ils nous fassent perdre de l’argent!

Lyne Desruisseaux

Lyne Desruisseaux

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